Edition originale : Gather, Darkness, Fritz Leiber, 1943.

Traduction : Gallimard, 1958, Janine Hérisson.





L'auteur


Fritz Reuter Leiber est né le 24 décembre 1910 aux Etats-Unis d’une famille d’origine allemande. Il passa une grande partie de son enfance avec sa grand-mère pendant que ses parents, acteurs de théâtre et de cinéma, étaient en représentation. Durant cette période, Leiber lut beaucoup d’auteurs comme Edgar Rice Burroughs, H.P. Lovecraft et Edgar Allan Poe. Il fit ensuite des études de psychologie et de physiologie à l'Université de Chicago, puis passa une année entière dans un séminaire de théologie. En 1936, il épouse Jonquil Stephens, une poétesse galloise, qui se passionne également pour le fantastique, et qui lui donnera, deux ans plus tard, un fils : Justin. Leiber, ensuite, fera une brève apparition au cinéma sous la pression de son père.

Leiber, qui entretient alors une correspondance avec H.P. Lovecraft, tente d'écrire des nouvelles de fantastique mais sans grand résultat. C'est seulement en 1939 que John W. Campbell publie dans sa toute nouvelle revue Unknown le premier texte de Leiber, The jewels in the forest, une nouvelle de fantasy. Campbell le qualifiera, ensuite, d’auteur trop lent. En 1941, Leiber devint professeur d'art dramatique puis, à la fin de la guerre, rédacteur en chef de Science Digest, une revue de vulgarisation scientifique. Son premier roman important de SF est A l'aube des Ténèbres, paru en 1943, dont le sujet, profondément original, est la lutte entre un pouvoir religieux, qui règne sans partage et utilise la science travestie en foi pour assurer sa mainmise sur le peuple, et la résistance.

A partir de 1954, arrive une période où Leiber sombre dans l'alcool et le surmenage, ce qui le conduira à la dépression, ce jusqu'en 1957 où il effectue un grand retour avec son roman Le Grand jeu du temps qui lui vaut le prix Hugo et qui est fortement marqué, dans sa forme, par sa formation théâtrale. Cette œuvre s'inscrit dans le cadre du Cycle de la Guerre Modificatrice (The Change War), qui met en conflit deux groupes, les Serpents et les Araignées, s'affrontant sur notre planète à grand coups de voyages dans le temps.

Leiber est connu surtout pour son Cycle des Epées, commencé avec son ami d’université Harry Fischer, et qui met en scène deux personnages très attachants : Fafhrd et le Souricier gris. Le Souricier est petit, mince, est né dans le bouge de quelque ville côtière et possède une longue rapière. Il sait vider les bourses de ses amis sans que ceux-ci s'en aperçoivent. Fafhrd est un géant blond qui vient des brouillards glacés du nord : il a une grande épée et ces deux bandits au grand cœur errent dans le Royaume de Lankhmar, à la recherche du bonheur perdu. En chemin, ils philosophent, et entre deux combats avec des sorciers ou des dragons, ils discutent des mérites respectifs de leurs épées. Ils sont ainsi constamment à la recherche de nouvelles aventures et d'argent, vendant leurs services de mercenaires au plus offrant. Ce cycle est dans le genre le plus pur et le plus classique de l’heroic fantasy. Leiber est d'ailleurs l'un de ceux qui vont imposer le terme de Sword and Sorcery pour décrire cette variation de la fantasy pleine d'aventures et de magie. Ces récits eurent un tel succès parmi les amateurs que Leiber est depuis surtout considéré comme un auteur de fantasy, dans la tradition de Robert E. Howard, plus qu'un auteur de SF proprement dit, alors que depuis ses débuts il n'a jamais cessé d'écrire de la SF de grande qualité.

Son plus grand roman de science-fiction est Le Vagabond, qui reçu le prix Hugo en 1965, où à travers une multiplicité de personnages, on découvre les ravages causés sur la Terre par l'intrusion d'une planète étrangère dans le système solaire, ainsi que les relations amoureuses entre un homme et une extra-terrestre féline. Le système narratif éclaté est une nouveauté à l'époque et a été beaucoup imité depuis.

Récompensé par six Hugo et quatre Nebula, beaucoup traduit en France, très apprécié par la critique, Leiber reste cependant très peu connu du grand public, dans l'ombre des autres grands de l'âge d'or.


Oeuvres majeures


Le Cycle des Epées (7 tomes chez Pocket - Fantasy)

A l’aube des ténèbres (J’ai Lu – Science-Fiction) En rupture de stock ?

Le Vagabond (Le Livre de Poche – Science-Fiction)

Notre-Dame des Ténèbres (Denoël – Présence du Fantastique)

Résumé


A la fin de l'Age d'Or, dans un lointain futur, les savants, afin d'éviter le retour à la barbarie, créèrent une religion nouvelle ; la Foi fut désormais soutenue par des miracles scientifiques prouvant la réalité du Grand Dieu et maintenant le peuple dans l'émerveillement et l'épouvante.
La charité véritable se trouve du côté des satanistes alors que la religion et les savants la soutenant par truquage et artifice ne sont que les représentants d'une théocratie totalitaire et fascisante.
La liberté n'existe plus ; les prêtres ont annexé toutes les professions libérales, groupé en une seule toutes les classes privilégiées alors que le peuple, réduit en esclavage, se tue à la tâche.
L'Homme Noir et ses sorciers et sorcières veulent renverser la Hiérarchie et rendre l'homme libre à nouveau ; alors, la guerre est déclarée. C’est l’ultime espoir pour la Terre et ses habitants.
L’atmosphère est lourde et oppressante, et l’écriture alambiquée manque parfois de légèreté, tendance que l'on retrouve dans ses romans, alors que Leiber excelle dans la nouvelle. Le style, haché et saccadé, donne à ce récit une impression d'étrangeté, tel un rêve éveillé.
L’histoire nous présente un bon exemple de régime basé sur la suspicion et l’auteur montre de bonnes connaissances d'ésotérisme et de psychologie, accompagné d’intéressantes réflexions sur la manipulation des esprits. La structuration militaire de la Hiérarchie est fort bien décrite. Ce texte pose une question cruciale : que reste-t-il une fois qu’un homme a atteint les cimes du pouvoir ?



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