Edition originale : The Voyage Of The Space Beagle, A. van Hageland, Belgique, 1939, 1943, 1950.
Traduction : Gallimard, 1952, Jean Rosenthal.

L'auteur

Alfred Elton Van Vogt est né le 26 Avril 1912 à Manitoba, dans les environs de Winnipeg, au Canada. Il passe son enfance, jusqu'à l'âge de dix ans, dans la petite ville de Neville au Saskatchewan, où il rencontre peu de monde et dont l'activité principale est orientée sur l'agriculture. Ses parents, originaires des Pays-Bas, privilégient leur langue d'origine au sein de la famille, renforçant l'isolement de Van Vogt qui trouva dans la lecture un refuge idéal.

A l'âge de 17 ans, les temps de crise de 1929 conduisirent Van Vogt à entrer dans la vie active. Il exercera divers métiers comme conducteur de camion, ouvrier agricole ou employé au recensement. Il participera, au début des années trente, à des concours littéraires et certains de ses récits furent quelquefois publiés. Mais Van Vogt fit ses vrais débuts d'auteur de SF en 1939, dans la revue Astounding Stories de John W. Campbell, avec son récit Black Destroyer qui rencontra un fort succès, mettant en scène une race d'extra-terrestres intelligents, voraces et cruels, inspirant plus tard le film Alien. On retrouvera d'ailleurs cet épisode dans son roman La faune de l'espace. Il devient, alors, l'un des piliers des pulps* de l'époque aux côtés d'Isaac Asimov et de Robert A. Heinlein. La même année, il épouse E. Mayne Hull, avec qui il écrira plusieurs textes. En 1944, ils déménagèrent à Los Angeles.

Le meilleur de la production de Van Vogt remonte à l'âge d'or de la SF américaine, entre 1940 et 1950. Ses oeuvres les plus connues sont Le monde des à de 1945, devenu culte aujourd'hui, La faune de l'espace de 1950, l'archétype de l'aventure spatiale en équipage, et A la poursuite des Slans de 1946, dont le thème de la chasse aux mutants est aussi devenu un classique de la SF.

Bien que ses récits soient particulièrement bien écrits avec une trame très soignée et un style classique, sa manie du recollage de nouvelles (une technique appelée fix-up novel) donne souvent des romans confus à la construction maladroite mais néanmoins faciles à lire, et leur succès commercial dans les années cinquante en est probablement la meilleure preuve. Van Vogt est l'un des auteurs de SF américains parmi les plus connus en France, ayant bénéficié des excellentes traductions de Boris Vian.

En 1950, sa femme arrête d'écrire et convainc le couple d'adhérer à la dianétique de L. Ron Hubbard (lui-même auteur de SF !). Pendant une dizaine d'année, Van Vogt devient le responsable de la section de Californie mais refusera, par la suite, les dérives sectaires de l'Eglise de scientologie qui s'en suivront.

Van Vogt restera silencieux jusqu'aux années soixante et, sous l'influence de Frederik Pohl, se remettra à écrire avec énergie, sans pour autant retrouver la qualité de ses premières productions. Sa femme décède en 1975 et il se remariera, quatre ans plus tard, avec Lydia I. Brayman.

En 1996, il est nommé Grand Maître de la Science Fiction and Fantasy Writers of America (SFWA). La même année, il reçoit un prix spécial lors de la convention mondiale de SF en Californie pour ses six décennies passées au sein de l'age d'or de la SF. Un troisième honneur l'attendra au sein du Science Fiction and Fantasy Hall of Fame. Atteint de la maladie d'Alzheimer, Van Vogt décède le 26 janvier 2000 des suites d'une pneumonie, à l'âge de 87 ans.


* Pulps : Magazines bon-marché, ciblant un genre précis (western, polar, guerre, SF, horreur, etc.), où la plupart des auteurs de SF, de fantasy ou d'épouvante débutèrent en y publiant des nouvelles. Très prisés dès les années vingt (Amazing Stories, Astounding Stories, Weird Tales), la fin des années soixante-dix signèrent leur déclin. J'y consacrerai un article dans l'avenir.


Œuvres majeures


Les monstres (nouvelles chez J'ai Lu – Science-Fiction)
La faune de l'espace (J'ai Lu – Science-Fiction)
La guerre contre le Rull (J'ai Lu – Science-Fiction)
Le Monde des à (3 tomes chez J'ai Lu – Science-Fiction)
A la poursuite des Slans (J'ai Lu – Science-Fiction)
Les armureries d'Isher, suivi par Les Fabricants d'armes (J'ai Lu – Science-Fiction)
L'Empire de l'atome, suivi par Le sorcier de Linn (J'ai Lu – Science-Fiction)


Résumé


Un vaisseau spatial, avec à son bord des savants de toutes les disciplines, parcourt l'espace en vue d'explorer des mondes inconnus et d'en étudier les habitants.

Le héros du roman est Elliot Grosvenor, spécialiste du nexialisme, sorte de synthèse de toutes les sciences avec un fort apport d'hypnotisme. Au départ méprisé (cela qui montre bien le cloisonnement et les petites jalousies mesquines inhérentes au monde des sciences, chacun s'accrochant à ses prérogatives tel une sangsue et n'acceptant de modifier ses acquis qu'avec peine), il se révélera le seul capable de venir à bout des différents intrus amenés à bord du vaisseau et, finalement, tous se rallieront à sa vision « globaliste » de la science.

Dans son roman, Van Vogt montre à quel point la division et le non-respect des idées d'autrui est néfaste lors de conflit. Comme toujours, il décrit avec un art consommé les créatures extra-terrestres en nous faisant percevoir le monde à travers leurs yeux, créant ainsi un sentiment de familiarité troublant. On peut tracer un net parallèle avec Jack Vance dans sa façon de nous rendre crédible et naturel le plus incroyable des monstres. L'écriture est typique de l'âge d'or, délicieusement désuète, dans le plus pur style de l'époque, avec sa croyance toute-puissante en la sacro-sainte science, censée résoudre tous les problèmes du futur. Un mélange de hard science et de space opera avec parfois des explications scientifiques un peu lourdes à digérer et certaines longueurs gâchant, je trouve, la fin du roman, se terminant en queue de poisson. Reste un ouvrage original et novateur pour son temps, comme la majeure partie des œuvres de Van Vogt.

L'accent est mis sur l'évolution des sociétés du stade purement individuel et égoïste jusqu'au stade de la communauté de corps et d'esprit. Egalement présent, le thème de la communication difficile entre êtres aux formes de pensées étrangères.

L'un des romans les moins décousus de Van Vogt, bien que, comme souvent, construit sur un amalgame de nouvelles.

Selon l'auteur, l'être humain, qui semble n'être bon qu'à la guerre, perçoit à priori toute créature différente comme un ennemi : il y a un long chemin à faire jusqu'à la tolérance !

Van Vogt, dans ce roman, met également le doigt sur une autre facette du comportement humain : celle de la méfiance viscérale, voire de la haine, que peuvent se vouer scientifiques et militaires. Ce vaisseau semble être, en fait, une Terre en miniature, un résumé de nos travers et de nos mesquineries quotidiennes...

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